Hasard de l'histoire
"Au mois de mai, c'est un samedi le 29, ayant besoin de me rendre à Rennes, j'en fait part à quelques commerçants de Dinan afin qu'ils puissent profiter du transport par camion... Mon vieil ami Hyppolite ayant appris nos projets, demande au chauffeur de le prendre à bord... c'est pour lui une véritable occasion... Ce joli matin de Mai, nous partons... A l'orée de la forêt de Coetquen, posée sur une borne kilométrique, une chouette nous regarde venir: elle s'envole seulement lorsque le camion arrive à sa hauteur: Une chouette, observai-je, c'est signe de mauvaise augure, que va t-il nous arriver aujourd'hui?..."

Ainsi Madame Norman, alors patronne de l'usine à emballages de Taden, près de Dinan, raconte sa journée du 29 mai 1943. Elle ne savait pas que tout près de cet endroit, quelques heures après, allait sombrer l'équipage d'une forteresse volante au retour d'une mission de bombardement... qu'elle allait vivre directement!

"Arrivés à Rennes et avant de nous disperser en ville pour faire nos courses, l'on se donne rendez vous sur le mail pour le retour du soir...Il fait une belle journée, dans la rue on aperçoit quelques toilettes claires: c'est jour de marché, il y a plus de monde que d'habitude à Rennes.
Vers 4 heures de l'après midi, Marcelle et moi nous nous trouvions en visite chez des amis dans le quartier de la Croix de la Mission...le cri d'alarme de la sirène surgit et, en même temps, les avions nous survolent et laissent tomber leurs bombes meurtrières dans un fracas épouvantable, que je n'oublierai jamais. Jamais non plus, je n'oublierai le bruit d'une maison qui s'écroule des carreaux qui se brisent dans la rue, de la terreur qui s'empare de soi.
Instinctivement Marcelle s'accroche à moi: ne m'abandonnez pas, ne m'abandonner pas! supplie t-elle. Sainte Marie sauvez nous! prient ces chères dames et les bombes tombent...tombent autour de nous; c'est infernal, nous n'avons même pas le temps de nous mettre à l'abri que la maison voisine et déjà dans la rue, la catastrophe est là, nous nous tenons serrées l'une contre l'autre, la mort nous frôle le moment est angoissant. Le tout a duré moins dix minutes, mais quelles minutes interminables!..."
Hyppolite ne revint pas de ce voyage de Rennes.
*extrait de "Mon usine sous l'occupation" Par Madame Norman, avec l'aimable autorisation des éditeurs.

Rennes souvent bombardée

C'est le 18 février que Rennes subira son premier bombardement, l'objectif était une base de la "Kiegsmarine" située route de Lorient, objectif d'une autre mission le 26. Ces deux bombardements à objectifs stratégiques et militaires rassurent de part leur efficacité et précision et n'effraient donc pas trop la population Rennaise.
Il n'en sera pas de même le 8 mars, un lundi gras, sur le champs de Mars la fête foraine bat son plein. Vers 14 h 30 c'est un déluge de bombe qui surprendra les Rennais, plus de 300 d'entres eux perdront la vie. Les deux mois suivants les alertes seront presque quotidienne.
Le 29 mai, c'est un dépôt naval à proximité de la gare qui est l'objectif de l'US Air Force: cinq cent trente bombes sont utilisées (132 tonnes). Pris en chasse par les avions Allemands; altitude trop haute, imprécision, panique...le chapelet de bombe se déroule de la Robiquette (quartier nord) jusque la gare: 210 Rennais périront lors de ce bombardement. 6 forteresses volantes seront portées manquantes, 64 membres disparus.
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