Des milliers de curieux.
Un agriculteur, M. Guerin, fût réquisitionné avec sa charrette, les corps furent alors rassemblés
au carrefour de la route du Déluge sous des chênes. Le lendemain matin, vers 7h30, un camion
également réquisitionné appartenant à M. Moulerau de Dinan, chargea les huit corps retrouvés et
les restes calcinés des deux pilotes, sur une brassée de paille, et les transporta à Dinan.
Leurs vêtements et équipements furent brûlés sur l'actuel aérodrome de Dinan (où était basée une
escadrille de la Luftwaffe). Les malheureux furent inhumés le 1er juin à Dinard.
Dans l’après-midi du 30 mai, un onzième cadavre fut découvert à cent mètres à l’ouest des « Frais ».
Le corps était affreusement déchiqueté, ayant peut-être été touché par les hélices ; il fut enlevé le
lendemain matin.
Les quatre moteurs de l’avion avaient été dispersés par l’explosion : l’un se trouvait dans le "Semis »,
un autre à Maupertuis, le troisième auprès de l’Ecuhel et le dernier, non loin de « Bon Secours ».
Un beau sourire
Se promenant dans les rues de Dinan, Yvette 11 ans, aperçu sur un camion sillonnant les rues de la
ville, les restes d'un avion. Devant la préfecture son regard croisa celui du survivant, Herman
Philbeck, son sourire expressif "c'est pour vous que j'ai fait çà!" est resté gravé au plus
profond de la mémoire d’Yvette. Souvent elle s'est demandée quel sort avait été réservé à notre
aviateur survivant. C'est avec émotion que soixante années plus tard, notre amie a revu la photo
d'Herman et enfin connaît son sort puisqu'il fût fait prisonnier en Autriche et libéré à la fin de
la guerre. Il est décédé en 1997, mais Yvette est soulagée...
Dans l’après-midi du dimanche des milliers de visiteurs venus de plusieurs kilomètres à la ronde
rendirent hommage à ces malheureux aviateurs Beaucoup de gens déposèrent des fleurs. Les
sentinelles avaient fort à faire pour empêcher les spectateurs d’approcher de la carlingue pour
y prélever « quelques souvenirs ». En fin d’après-midi, énervés par cette foule qui ne leur
semblait pas favorable, ils imposèrent un recul important et tirèrent quelques coups de fusil en
l’air pour effrayer les curieux.
Durant toute la semaine suivante de nombreuses personnes vinrent encore sur les lieux et
particulièrement le jeudi 3 juin, jour de l’Ascension.
Le samedi 5 juin, les Allemands démontèrent les tableaux de bord et les appareils radio et de
navigation. Les moteurs, la carlingue et les derniers débris furent enlevés les 11 et 12 juin.
Beaucoup de témoins emportèrent un objet trouvé en "souvenir". Combien de greniers contiennent
encore les vestiges de cette tragédie Aujourd'hui encore certain ressortent ce qu'ils ont
précieusement gardés comme cette chaussure ayant appartenu probablement à Charles Harisson.
Le carnet mystère
Dans la forêt proche, le père d'Henri ramassa, quelques jours plus tard, un carnet de poche avec
des inscriptions curieuses mais sans le nom du propriétaire! Dans ce carnet il y avait un tableau
d' inscriptions sans doute codées car illisibles, "Il était fait état d'un déjeuner du
propriétaire de ce carnet avec les généraux Spaak et Doolitle", affirme Henri, Des personnages
importants ce qui laissait supposer que le propriétaire était aussi quelqu'un d'important! En tout
cas le carnet fût soigneusement caché .L'officier américain à qui il fût remis à la Libération fit
jurer sur la bible aux auteurs de la trouvaille qu'il ne l'avaient jamais montré aux allemands.
"Le cours de la guerre aurait pu changer" a-t-il déclaré. en substance Il s'agissait de l'officier
des renseignements chargé de l'observation, le major Barthold (Il en existait un sur chaque mission); cet officier avait participé à la mise au point des bulles en plexiglas qui équipait les forteresses volantes, sous doute voulait-il voir sur le terrain leur "utilité".
Un autre mystère: dans le décompte macabre et après identification de tout l'équipage de cet avion,
il demeure un mystère sur l'identité d'un autre corps ne provenant pas du B17 42-229476. Un
aviateur tombé d'un autre appareil? Les recherches se poursuivent.
|