La chute du B17 "SNAFU"

M. Hervy poursuit: "Tout à coup nous aperçûmes un bombardier, à la verticale de « La Poterie », en perte de vitesse et qui quittait la formation en piquant vers le sol et en laissant échapper une épaisse fumée. Presque aussitôt il explosait en plein ciel et se disloquait en deux grosses parties : ailes et moteurs, puis carlingue. Les ailes et les moteurs étaient en flammes et tombaient en tourbillonnant ; une multitude de débris volaient dans toutes les directions. On aperçut nettement plusieurs aviateurs tomber en chute libre comme des flèches. Un seul parachute s’ouvrit."

Toute la partie avant de l’avion qui était en flammes tomba, à trois cents mètres au Nord-est du village de Maupertuis, dans un champ de la ferme de la Rouvraie : « Les Grands Béziers » La carlingue tomba cinq cents mètres plus à l’est, devant la maison des « Frais ».

François a19 ans, le repas terminé il s'apprête à repartir au champs cultiver la terre. Un champs situé tout à côté de celui qui sera le théâtre de la tragédie, à quelques minutes près François aurait pu être une victime innocente. Aussitôt il se rend sur les lieus du drame, d'abord près de l'avant de l'avion en feu, "Une immense colonne de flammes et de fumée monte très haut dans le ciel: un point de repère pour les centaines de personnes qui viendront ensuite! Les Allemands arrivèrent presque en même temps, tout de suite il nous firent déguerpir" François se dirige alors vers la carlingue que l'occupant n'a pas encore vu. Eugène qui habitait le village de Maupertuis tout proche, se rappelle:" Nous sortions de table, alors que mon père restait à regarder dans la cour, je filais à toute jambe vers le bourg pour revenir après..."

Quatre chasseurs allemands avaient piqué et décrit quelques orbes autour de l’ennemi abattu. Ils ne mitraillèrent pas le parachutiste américain qui se posa à une centaine de mètres à l’ouest du « Perroquet Vert ». Ils avaient "accompagné" sa chute afin de montrer à la troupe l'endroit de l'impact.

Seul survivant, un chanceux :

Michel raconte: "Agé de 13 ans je me trouvais chez mes parents, au lieu dit le Mezeray. Assistant à la perte de l'avion, je vis alors l’ un des aviateurs équipé d'un parachute, amorcer lentement sa descente, entouré des débris de son appareil. Je n'était pas le seul à assister à cette scène: un officier allemand, debout dans son véhicule surveillait également sa progression". Le parachutiste se dirigeait vers le carrefour de la route du Café bleu et celle de la fontaine Barre. Michel complète:"A quelques mètres du sol, son parachute s'immobilisa trois à quatre minutes dans les branches d'un jeune chêne. Louis Hautière qui coupait du foin à proximité, se précipita à son secours. Son intention était de le faire rapidement gagner Villeneuve, en forêt de *Coëtquen toute proche. Cependant, l'état physique du parachutiste le contraignit à renoncer à son projet d'autant que les soldats allemands arrivaient déjà sur les lieux et procédèrent à l'arrestation de l'Américain". Louis Hautière ne s'étant pas fait remarqué, disparut dans la forêt.



Des pleurs et des fleurs

Denise 17 ans, témoin de la bataille depuis la commune d'Evran arriva très vite à vélo. N'écoutant que son courage, elle n'avait qu'une idée en tête, mettre en pratique son anglais pour aider les éventuels survivants à s'échapper. Mais arrivant sur les lieux, Denise ne put que s'incliner et pleurer devant le triste spectacle, elle déposa alors un bouquet de fleurs auprès de la carlingue de l'avion. Un officier allemand lui dit sèchement de garder ses fleurs pour les morts de Rennes! "J'ai tellement été bouleversée que j'ai emporté un morceau de ferraille que j'ai précieusement gardé en souvenir".

L'instituteur et ancien maire des Champs-Géraux nous dit encore "Le calme étant revenu au-dessus de nous. une nouvelle formation comprenant environ cent cinquante gros bombardiers nous survola *encore, se dirigeant vers le sud-ouest. Nous apprîmes par la suite qu’ils allaient bombarder Saint-Nazaire et La Pallice. Toute cette activité aérienne nous inquiéta car elle n’était pas habituelle. En qualité de « secrétaire de mairie » représentant le maire, je pus me rendre auprès du brasier. Je vis nettement dans les flammes deux aviateurs, probablement les pilotes, l’un d’eux n’avait plus de tête, un cuir chevelu était étalé non loin sur le sol. Triste spectacle !. Les officiers allemands ricanaient et prenaient de nombreuses photo…J’allais ensuite voir la carlingue ; elle ne semblait pas avoir trop souffert. Deux cadavres gisaient auprès, écrasés dans leur chute ; quatre autres étaient restés à l’intérieur baignant dans leur sang."

"L’un d’eux, probablement le lieutenan-navigateur Charles Harrisson, était adossé à son volet de sortie entrouvert. Un autre gisait à cinquante mètres de là étendu sur le dos. Il était vêtu d’une combinaison « cachou » et d’une veste canadienne fourrée de mouton. Il avait encore son casque sur la tête et son masque respiratoire sur le visage. Il semblait très jeune et ses fines mains étaient très blanches".
Dans la soirée un autre corps était découvert auprès du village de Maupertuis, son empreinte était profondément imprimée sur le sol.
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